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Tout n'est que matière

9 décembre 2013

Le matérialisme durant le XVIIe siècle

Mécanisme : le mécanisme est une philosophie de la nature selon laquelle l'Univers et tout phénomène qui s'y produit peuvent et doivent s'expliquer d'après les lois des mouvements matériels. 

Source

  •  Dictionnaire de la philosophie, Encyclopaedia Universalis, Paris, Albin Michel, 2000, 2041 p. 

La révolution mécaniste débute dans le premier tiers du XVIIe siècle. Cette révolution a comme grande figure Galilée (1564-1642) et malgré sa condamnation, l'apparition du nouveau savoir triomphera un peu plus tard, comme il est possible de le constater, avec Newton en 1687 et sa Philosophiae naturalis principia mathematica. Cependant, il faut noter que cette conjonction entre la physique et les mathématiques n’a seulement été rendue possible que grâce à une représentation corpusculaire de la réalité, qu'on retrouvait dans l'atomiste antique. Et c'est grâce à la renaissance de ce mécanisme qu'on a pu assister, également, au renouveau du matérialisme à travers trois grands philosophes connus, où l’influence du mécanisme parmi leurs idées est significative.

Source

  • BLAY, Michel, dir. Dictionnaire des concepts philosophiques, Espagne, Éditions Larousse, 2013, 879 p. 

Gassendi et l’atomiste 

PierreGassendi

Retrato de Pierre Gassendi
http://www.voltaire-integral.com/Html/14/04CATALO_1_2.html

Pierre Gassendi (1592-1655) est un philosophe français et savant également. Il est docteur en théologie et il sera ordonné prêtre. Il enseignera la philosophie à l’université d’Aix-en-Provence. Gassendi exprime sa pensée sous forme de critique sceptique envers le dogme des métaphysiques aristotélico-scolastique et cartésienne. Au contraire, pour lui, toute connaissance provient de l’expérience sensible et non de connaissance absolue des essences des choses. Gassendi sera en faveur de la restauration de l’épicurisme, mais d’un épicurisme révisé et adapté qui se soldera par le Syntagma philosophicum publié après sa mort. Évidemment, étant philosophe et savant, sa pensée est intimement liée avec la découverte des nouveaux savoirs, entre autres avec l’astronomie qu’il étudie beaucoup, et la révolution mécanique auquel il consacra plusieurs petits ouvrages. Dans son ouvrage, Exercitationes paradoxicae, il faut noter le nominalisme des universaux dominant qui attaque les entités de la métaphysique traditionnelle, telles que les essences, les vérités éternelles ou bien encore les catégories, en exprimant que ce n’est que des notions abstraites que l’homme a construites que par commodité linguistique, mais qui n’ont pas de valeur ontologique. Gassendi lutte aussi contre les thèmes métaphysiques de matière et de forme, de l’espace, du monde éternel et de l’âme. De plus, dans la Disquisitio Metaphysica, il expose l’idée que la pensée n’est qu’une simple propriété de la matière. Également, il en vient à critiquer l’idée cartésienne de l’existence de Dieu, où il énonce qu’il est impossible pour nous d’avoir de l’infini une idée vraie et juste. D’ailleurs, Gassendi pense, suivant la tradition libertine où les partisans sont irréligieux, que l’idée de Dieu présente en nous provient de voies naturelles; c’est-à-dire que ce serait par des causes politiques ou bien psychologiques qu’il serait possible d’expliquer cette conception, mais que certaines personnes, agissant pour leurs propres intérêts, auraient créé et entretenu, les dieux. De plus, la pensée de Gassendi est, certes, une continuité de l’atomiste épicurien. Effectivement, pour lui, la physique atomistique est à l’origine de toutes choses. Il décline l’idée scolastique de forme substantielle et ramène les formes à des modes d’existence de la matière atomique, composés d’atomes ou bien à des groupements déterminés d’atomes. Pour lui, l’espace et le temps infinis sont des entités réelles et non créées, ni substance, ni accident, mais conditions d’existence de toutes les substances et de tous les accidents possible. Il se rallie à Démocrite en déclarant que le mouvement des atomes s’effectue dans toutes les directions et il fait de leur « pesanteur », une mobilité innée chez l’atome. Ainsi, il est possible de constater l’influence du mécanisme nouveau, à travers cette matière active qui explique physiquement les mouvements dans le monde. Toutefois, Gassendi souhaite établir un lien rendant possible la coexistence entre ce matérialisme physique et l’orthodoxie religieuse. Premièrement, il fait concorder ce fonctionnement du monde mécanique sur la base du principe de la création divine de l’univers et de la Providence. En effet, lorsqu’il affirme la finitude du monde réel, il rend possible la préservation du dogme de la création. Gassendi affirme que les atomes sont créés par Dieu et que c’est lui qui est à l’origine de leur mouvement. L’ordre de l’Univers est régi par le créateur et par son intelligence. Pour lui, l’incroyable constitution biologique des êtres humains ne peut relever que d’une intelligence divine et cette preuve de Dieu, tout à fait inégalée, montre bien qu’une machine aussi bien structurée doit provenir d’une intelligence supérieure qui l’ait construite et imaginée. De plus, il y a pour Gassendi une psychologie de l’intellect immatériel, qui doit rendre compte des différentes opérations de pensée qui caractérisent l’homme et qui justifient, donc, le dogme de l'immortalité.

 

Sources

  • BLOCH, Olivier. Le matérialisme, Paris, Presses Universitaires de France, 1985, 125 p.
  • MONTENOT, Jean, dir. Encyclopédie de la philosophie, Paris, Le livre de poche, 2002, 1775 p.
  • ARMENGAUD, Françoise. « Gassendi Pierre Gassend dit (1592-1655) », Encyclopædia Universalis [En ligne] http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/gassendi/ (Page consultée le 7 décembre 2013).

 

 

 

 

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3 décembre 2013

Le matérialisme et la Renaissance

Le matérialisme au cours de la Renaissance

Durant la Renaissance, c’est surtout en Italie que se poursuit la lignée averroïste, plus particulièrement dans l’ « école de Padoue ». Il y a, entre autres, Pietro Pomponazzi (1462-1525) qui publie, en 1516, le Tractatus de immortalitate animae (De l’immortalité de l’âme) où il nie l’immortalité de l’âme et dénonce l’ignorance et la superstition des moines. Ce livre est dans la continuité de l’interprétation matérialiste des idées d’Aristote, au travers des commentaires d’Alexandre d’Aphrodise. Ce traité fut tout de suite condamné et Pomponazzi dut obligatoirement se rétracter. Il publia notamment De naturalium effectuum causis sive de incantationibus liber (Les Causes des merveilles de la nature ou les enchantements). C’est dans cette œuvre importante qu’il attaqua les superstitions magiques et affirma que tous les phénomènes sont naturels et qu’ils ne sont pas miraculeux. Par la suite, Cesare Cremonini (v. 1550-1631) défendit la distinction entre Dieu et le monde, où il est expliqué que le monde doit être expliqué grâce aux sciences de la nature et que Dieu n’est seulement que la cause finale du monde et non la cause efficiente. On assiste aussi, durant cette période, au renouveau de l’épicurisme et à celui du stoïcisme au travers de la doxographie stoïcienne. Giordano Bruno (1548-1600) vécut durant la révolution copernicienne et également durant la Réforme protestante où toute la tradition est remise en doute. Bruno pense l’Univers comme infini et un, contrairement à la pensée aristotélicienne où l’Univers était divisé en monde sublunaire et supra lunaire. De plus, il pense que l’homme et la terre font partie seulement d’un monde, parmi tant d’autres et donc, que l’homme n’est plus au centre de la Création. Ses allégations lui valurent le bûcher après huit ans d’emprisonnement. Cependant, ces nouvelles pensées apportent des questions entourant Dieu et la Nature et c’est durant la période classique que ces questionnements développeront véritablement l’idée et le mot de matérialisme.

Sources 

 

29 novembre 2013

Le matérialisme durant le Moyen Âge

Même si le matérialisme n'a jamais totalement disparu durant le Moyen Âge, il a certainement été mis de côté, parce que ceux y croyant étaient considérés comme impie et seront ignorés. Bien entendu, il y a eu une forme de relais, où a pu s'infiltrer quelques brides de matérialisme. En effet, il est important de voir l'influence du stoïcisme dans la pensée chrétienne, notamment avec Tertullien qui soutient la corporéité de l’âme et de Dieu. Il y en aussi des fragments dans les textes aristotéliciens et, surtout à travers les commentaires d’Alexandre d’Aphrodise, qui nie l’immortalité des âmes humaines. Pour lui, l’individuel est seul existant et l’âme humaine est le résultat du mélange des qualités corporelles. De ce fait, intimement liée avec le corps, l’âme ne peut survivre sans lui. Averroès va aussi en ce sens, qui conteste cette immortalité individuelle au bénéfice d’un intellect universel. De plus, le nominalisme, qui se développe vraiment à partir du Moyen Âge, est une doctrine selon laquelle les universaux, c’est-à-dire les concepts généraux, n’ont pas d’existence antérieure ou d’indépendance qui se trouvent dans les choses ou hors d’elle ; et que la seule forme sous laquelle ces concepts se montrent à l’esprit est celle du nom. L’apparition du nominalisme donnera lieu à la querelle des « Universaux ». Ainsi, suivant cette doctrine, il n’existe de réels que les individus ou les entités particulières. Le nominalisme a été porteur d’éléments qui conduiront à des conceptions matérialistes un peu plus tard.

Sources 

  • HADOT, Pierre. « Alexandre d’Aphrodise (fin IIe-déb. IIIe s.) », Encyclopædia Universalis [En ligne] http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/alexandre-d-aphrodise/ (Page consultée le 29 novembre 2013).
  • MONTENOT, Jean, dir. Encyclopédie de la philosophie, Paris, Le livre de poche, 2002, 1775 p.
  • BLAY, Michel, dir. Dictionnaire des concepts philosophiques, Espagne, Éditions Larousse, 2013, 879 p. 
22 novembre 2013

Le matérialisme dans l'Antiquité

Chez les Milésiens

Les Milésiens, c’est-à-dire Thalès de Milet (environ 624-547 avant notre ère), Anaximandre (environ 610-546 avant notre ère) et Anaximène (environ 585-525 avant notre ère) ont amené pour la première fois le point que tout ce qui est, n’est pas d’origine divine, mais procède d’un principe matériel unique, qu’on pourrait appeler « matière primordiale ». Pour Thalès, ce serait l’eau qui serait source de tout. Il pensait également que l’eau était animée de vie. Cette façon de pensée où le monde et la matière seraient dotés d’une vie propre se nomme hylozoïsme. L’hylozoïsme serait en fait la philosophie des premiers matérialistes tels que Thalès. Pour Anaximandre, la matière première serait l’apeiron (indéfini, en grec), un principe unique et éternel. Cette matière pourrait se générer continuellement sans s’épuiser et elle se meut d’elle-même. Pour lui, les dieux ne participent aucunement à la création des mondes présents de façon infini dans l’univers, ni à leur développement ni à leur destruction. Il explique les différents phénomènes grâce à la présence des contraires au sein de la matière et par son mouvement éternel. Ainsi, tout provient de l’apeiron. Pour Anaximène, l’air est le principe premier et les dieux en relèveraient également. Il y a donc une affirmation d’une permanence matérielle qui n’a ni commencement ni fin. Ils sont à la recherche aussi d’un ou de plusieurs éléments dans le devenir, qui rendent compte de la consistance et de la réalité des choses en mouvement. Ainsi, les Milésiens souhaitent expliquer le monde autrement que par le mythe. On passe d’une pensée religieuse à une pensée laïque. Ils désirent expliquer le monde rationnellement et essayent de le saisir dans son unité matérielle. On assiste donc ici aux prémisses du matérialisme.

 

Héraclite (vers 550-480 avant notre ère)

Le principe premier pour Héraclite est le feu et c’est ses transformations qui expliquent tous les phénomènes. Ainsi, la matière est éternelle et toujours en mouvement. Le monde n’aurait pas été créé par les dieux, il aurait toujours existé, mais il pense que ce monde est régi selon une loi universelle et cosmique appelée logos et qui est difficile à interpréter. Certains pensent que cette loi ne serait qu’une loi naturelle régissant la lutte entre les éléments, sans attribuer à ce mot une connotation religieuse. D’autres, comme les stoïciens, le logos serait la volonté du Créateur. Ces différentes interprétations sont dues à l’obscurité d’Héraclite dans ses fragments.  Cette loi rendrait compte de tout ce qui existe dans l’univers et elle maintiendrait tous ces éléments matériels en équilibre. Tout comme Anaximandre, il pense que les phénomènes naturels sont expliqués par leur contraire. Héraclite pense que chaque force à besoin de son contraire pour subsister. De cette manière, il pose la lutte de l’unité des contraires : « La guerre est la mère de toute chose, la reine de toute chose ». Ainsi, le jour se transforme en nuit et la nuit se transforme à son tour en jour. L’âme pour ce penseur est elle-même matérielle, car elle correspond à l’un des états de passage du feu. L’héraclitéisme pose de façon concrète un monde dynamique où les transformations continuelles des éléments matérielles le composent.

 

Chez Leucippe et Démocrite : l’atomiste ancien

C’est Leucippe (début du Ve siècle avant notre ère) le premier qui amena la théorie des atomes. Ces atomes sont des particules matérielles, pleines et indivisibles. Atome vient de atomos qui veut dire, en grec, insécable. Ce sont des corpuscules infinis qui sont en mouvement dans le vide. Mis à part ces faits, on ne sait pas beaucoup de choses de Leucippe. C’est Démocrite, l’élève de Leucippe, qui développera la théorie atomiste en profondeur. La théorie atomiste vient répondre au problème que les Eléates ont posé concernant l’immobilité des êtres. En effet, comment expliquer la pluralité des êtres, leur apparition et leur disparition ?  Le non-être de Parménide devient, dans la théorie atomiste, le vide. Cependant, Démocrite se sert de ce vide pour expliquer le mouvement : sans vide, il n’y aurait aucun mouvement ; mais le mouvement existe, donc le vide aussi. Ainsi, les atomistes viennent concilier l’être un et immobile des Eléates avec l’expérience de la pluralité du mouvement que Empédocle et Anaxagore avaient abordé. L’indivisibilité de l’atome vient apporter la garantie de l’existence de ces corps : par division, il ne pourrait se résoudre dans le néant et leur solidité les rend indestructibles. Ils ont des formes diverses et ils ont un mouvement extrêmement rapide dans le vide qui ne privilégie aucune direction particulière, sans commencement ni fin. Ces mouvements constants entrainent des collisions qui créées des associations et des dissociations, lesquels provoquent des entrelacements de corps et des amas de corps. La création des mondes s’explique également par un processus tourbillonnant d’atomes. Ce processus, pouvant se produire dans toutes les parties du vide, il existe donc une infinité de mondes. Ainsi, l’origine de toutes choses s’explique par le hasard et la nécessité. Le hasard pour les rencontres aléatoires qui se font et qui créer les choses, puisque aucune intention, aucun plan, rien qui ne ressemble à de la finalité n’est responsable de la genèse des choses. Et nécessité, car c’est une processus mécaniste qui détermine ces entrelacements, ces combinaisons et ces divisions selon leur différentes formes, dimensions et de leur mouvement. L’âme serait composée également d’atomes sphériques présents dans le corps, qui possèderait les caractéristiques du feu, c’est-à-dire la subtilité, la mobilité et la rapidité. Les sentiments et les sensations sont ressentis, grâce à des impressions faites sur le corps et sur l’âme, par des émanations atomiques venant des objets extérieurs. L’atomiste est donc la première théorie qui explique de façon mécaniste l’Univers.

 

Épicure et Lucrèce

L’épicurisme a été fondé par Épicure (341-270 de notre ère). Il fut l’étudiant de Nausiphane, lui-même disciple de Démocrite. Pour les épicuriens, le but de toute existence est d’atteindre la tranquillité de l’esprit afin d’être heureux. Pour ce faire, les humains doivent éliminer deux peurs qui les empêchent de profiter pleinement de la vie, soit celle des dieux et celle de la mort. Pour l’épicurisme, qui conçoit le monde comme un assemblage d’atomes et de vide, ce qui correspond à une vision matérialiste du monde, la mort n’est rien, c’est seulement la séparation des atomes nous composant qui se produit, puisqu’ils sont fragiles. Ainsi, il n’y a aucune immortalité. De plus, les dieux ne sont rien d’autre que des atomes également, un assemblage parfait d’atomes vivant dans les « intermondes », qui sont des espaces dans l’Univers non occupé par des mondes. Ils ne sont pas à l’origine du monde, ils en font partie et surtout, ils n’ont aucun contrôle sur les humains. Ainsi, il faut s’affranchir complètement de ces peurs. Épicure pense que nous pouvons parvenir au bonheur en plaçant au cœur de nos vies les plaisirs physiques. Cependant, il faut que ces plaisirs répondent à nos besoins et qu’ils se restreignent à la dimension de notre corps. Il faut parvenir à un sentiment de satiété, de bien-être et non de toujours en vouloir plus. Il faut donc se contenter du minimum et non rechercher toujours plus de plaisirs. De cette façon, le bonheur est à portée de main. Pour cette école de pensée, le monde aurait été créé par une pluie verticale d’atomes. Le processus de devenir de ce monde est créé par le mouvement des atomes que Démocrite expliquait par leur « pesanteur », ce qui faisait en sorte que l’atome pouvait tomber dans le vide. Cependant, le fait que les atomes tomberaient toujours à la même vitesse, dans leur chute parallèle, occasionne qu’ils ne puissent jamais se rencontrer pour créer les chocs et les entrelacements qui expliquent le monde. C’est à ce moment qu’on retrouve la fameuse déviation ou déclinaison minuscule, appelée le clinamen. Donc, le monde n’a pas été créé pour les épicuriens par un être suprême, même si l’origine de ce qui aurait provoqué cette variation reste un mystère. Lucrèce participera grandement, grâce à son poème philosophique fort connu, De natura rerum (De la nature des choses), à la transmission de l’œuvre d’Épicure. Ce poème a été retrouvé grâce à Poggio Bracciolini, un historien qui vécu de 1380 à 1459. Il a consacré la majeure partie de sa vie à rechercher des manuscrits d'auteurs de l'Antiquité.  De natura rerum a connu une forte diffusion lorsque ce poème a été retrouvé en 1417 par Bracciolini.  

Le matérialisme stoïcien

Le matérialisme stoïcien se rattache surtout aux traditions médicales et à la pensée biologique. Le stoïcisme a été fondé par Zénon de Cittium en 300 av. J.-C. Le stoïcisme s’illustre comme étant l’adversaire de l’épicurisme. Pour les stoïciens, tout est corps et cette affirmation est valable aussi pour les deux principes complémentaires entre lesquels s’expliquent tout être : le patient et l’agent. Le patient, ou principe passif, et l’agent, le principe actif correspondent respectivement à la matière première et à la cause, qui organise l’existence, qui lui donne unité, forme et vie. Ils sont tous deux des corps et tout ce qui est incorporel n’est pas un être en soi. Il y a quatre incorporels : lieu, temps, vide et lekton (désigne le signifié d’un mot ou d’une phrase). Leur réalité est assurée par la condition des réalités corporelles et de leur action réciproque. Ainsi, il est certainement question d’un corporalisme, beaucoup plus que d’un matérialisme. Les stoïciens soutiennent qu’il n’y pas seulement que l’âme qui est un corps, mais bien les vertus également, parce qu’elles sont des qualités agissantes. Pour eux, le monde est continu, contrairement aux épicuriens, qui pensent que le monde est séparé par du vide et de la matière. Le monde est continu parce qu’il est parcouru d’une substance volatile, le pnêuma ou souffle. C’est le pneuma qui est l’âme du monde vivant, ce souffle gouverne le monde, il est en quelque sorte dieu, nature, destin et providence. De plus, le monde est régi par un logos, une raison divine ou bien spirituelle qui est source de vie.

 Sources

  • AHRWEILER, Jacques, dir. Écrits sur l’atome, Paris, SEGHER, 1963, 189 p. 
  • BLOCH, Olivier. Le matérialisme, Paris, Presses Universitaires de France, 1985, 125 p.
  • COGNIOT, Georges. Le matérialisme gréco-romain, Paris, Editions Sociales, 1964, 190 p.
  • DE CRESCENZO, Lucien. Les grandes philosophies de la Grèce antique, Paris, Editions de Fallois, 1999, 351 p.
  • DROIT, Roger-Pol. Une brève histoire de la philosophie, Paris, Flammarion, 2011, 315 p.
  • JERPHAGNON, Lucien, dir. Histoire des grandes philosophies, Paris, Edition Privat, 1987, 354 p.
  • JERPHAGNON, Lucien. Histoire de la pensée ­– Antiquité et Moyen Age, Paris, Tallandier, 1989, 591 p.
  • NIZAN, Paul. Les matérialistes de l’Antiquité, Paris, Arléa, 1999, 173 p. 
  • MONTENOT, Jean, dir. Encyclopédie de la philosophie, Paris, Le livre de poche, 2002, 1775 p.
  • BLAY, Michel, dir. Dictionnaire des concepts philosophiques, Espagne, Éditions Larousse, 2013, 879 p.
  • Dictionnaire de la philosophie, Encyclopaedia Universalis, Paris, Albin Michel, 2000, 2042 p. 

 

 

 

22 novembre 2013

Le matérialisme : le mot

Définition
Le mot matérialisme désigne une attitude philosophique caractérisée par le recours exclusif à la notion de matière pour expliquer la totalité des phénomènes du monde physique et du monde moral.

Étymologie
De matériel et -isme ; du latin tardif materialis, « fait de matière » ; du latin classique materia, « bois de construction ». 

Origine 

Le terme matérialisme ne sera adopté en anglais qu’en 1668, alors qu’il sera introduit en français par Leibniz en 1702. 

 

Sources : 

  • GUSDORF, Georges. « Matérialisme », Encyclopaedia Universalis [En ligne], http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/materialisme/ (Page consultée le 21 novembre 2013).
  • BLAY, Michel, dir. Dictionnaire des concepts philosophiques, Espagne, Éditions Larousse, 2013, 879 p. 
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