Le matérialisme durant le XVIIe siècle
Mécanisme : le mécanisme est une philosophie de la nature selon laquelle l'Univers et tout phénomène qui s'y produit peuvent et doivent s'expliquer d'après les lois des mouvements matériels.
Source
- Dictionnaire de la philosophie, Encyclopaedia Universalis, Paris, Albin Michel, 2000, 2041 p.
La révolution mécaniste débute dans le premier tiers du XVIIe siècle. Cette révolution a comme grande figure Galilée (1564-1642) et malgré sa condamnation, l'apparition du nouveau savoir triomphera un peu plus tard, comme il est possible de le constater, avec Newton en 1687 et sa Philosophiae naturalis principia mathematica. Cependant, il faut noter que cette conjonction entre la physique et les mathématiques n’a seulement été rendue possible que grâce à une représentation corpusculaire de la réalité, qu'on retrouvait dans l'atomiste antique. Et c'est grâce à la renaissance de ce mécanisme qu'on a pu assister, également, au renouveau du matérialisme à travers trois grands philosophes connus, où l’influence du mécanisme parmi leurs idées est significative.
Source
- BLAY, Michel, dir. Dictionnaire des concepts philosophiques, Espagne, Éditions Larousse, 2013, 879 p.
Gassendi et l’atomiste
Retrato de Pierre Gassendi
http://www.voltaire-integral.com/Html/14/04CATALO_1_2.html
Pierre Gassendi (1592-1655) est un philosophe français et savant également. Il est docteur en théologie et il sera ordonné prêtre. Il enseignera la philosophie à l’université d’Aix-en-Provence. Gassendi exprime sa pensée sous forme de critique sceptique envers le dogme des métaphysiques aristotélico-scolastique et cartésienne. Au contraire, pour lui, toute connaissance provient de l’expérience sensible et non de connaissance absolue des essences des choses. Gassendi sera en faveur de la restauration de l’épicurisme, mais d’un épicurisme révisé et adapté qui se soldera par le Syntagma philosophicum publié après sa mort. Évidemment, étant philosophe et savant, sa pensée est intimement liée avec la découverte des nouveaux savoirs, entre autres avec l’astronomie qu’il étudie beaucoup, et la révolution mécanique auquel il consacra plusieurs petits ouvrages. Dans son ouvrage, Exercitationes paradoxicae, il faut noter le nominalisme des universaux dominant qui attaque les entités de la métaphysique traditionnelle, telles que les essences, les vérités éternelles ou bien encore les catégories, en exprimant que ce n’est que des notions abstraites que l’homme a construites que par commodité linguistique, mais qui n’ont pas de valeur ontologique. Gassendi lutte aussi contre les thèmes métaphysiques de matière et de forme, de l’espace, du monde éternel et de l’âme. De plus, dans la Disquisitio Metaphysica, il expose l’idée que la pensée n’est qu’une simple propriété de la matière. Également, il en vient à critiquer l’idée cartésienne de l’existence de Dieu, où il énonce qu’il est impossible pour nous d’avoir de l’infini une idée vraie et juste. D’ailleurs, Gassendi pense, suivant la tradition libertine où les partisans sont irréligieux, que l’idée de Dieu présente en nous provient de voies naturelles; c’est-à-dire que ce serait par des causes politiques ou bien psychologiques qu’il serait possible d’expliquer cette conception, mais que certaines personnes, agissant pour leurs propres intérêts, auraient créé et entretenu, les dieux. De plus, la pensée de Gassendi est, certes, une continuité de l’atomiste épicurien. Effectivement, pour lui, la physique atomistique est à l’origine de toutes choses. Il décline l’idée scolastique de forme substantielle et ramène les formes à des modes d’existence de la matière atomique, composés d’atomes ou bien à des groupements déterminés d’atomes. Pour lui, l’espace et le temps infinis sont des entités réelles et non créées, ni substance, ni accident, mais conditions d’existence de toutes les substances et de tous les accidents possible. Il se rallie à Démocrite en déclarant que le mouvement des atomes s’effectue dans toutes les directions et il fait de leur « pesanteur », une mobilité innée chez l’atome. Ainsi, il est possible de constater l’influence du mécanisme nouveau, à travers cette matière active qui explique physiquement les mouvements dans le monde. Toutefois, Gassendi souhaite établir un lien rendant possible la coexistence entre ce matérialisme physique et l’orthodoxie religieuse. Premièrement, il fait concorder ce fonctionnement du monde mécanique sur la base du principe de la création divine de l’univers et de la Providence. En effet, lorsqu’il affirme la finitude du monde réel, il rend possible la préservation du dogme de la création. Gassendi affirme que les atomes sont créés par Dieu et que c’est lui qui est à l’origine de leur mouvement. L’ordre de l’Univers est régi par le créateur et par son intelligence. Pour lui, l’incroyable constitution biologique des êtres humains ne peut relever que d’une intelligence divine et cette preuve de Dieu, tout à fait inégalée, montre bien qu’une machine aussi bien structurée doit provenir d’une intelligence supérieure qui l’ait construite et imaginée. De plus, il y a pour Gassendi une psychologie de l’intellect immatériel, qui doit rendre compte des différentes opérations de pensée qui caractérisent l’homme et qui justifient, donc, le dogme de l'immortalité.
Sources
- BLOCH, Olivier. Le matérialisme, Paris, Presses Universitaires de France, 1985, 125 p.
- MONTENOT, Jean, dir. Encyclopédie de la philosophie, Paris, Le livre de poche, 2002, 1775 p.
- ARMENGAUD, Françoise. « Gassendi Pierre Gassend dit (1592-1655) », Encyclopædia Universalis [En ligne] http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/gassendi/ (Page consultée le 7 décembre 2013).